Des patients seraient guéris de la leucémie après une greffe de cellules immunitaires
Deux patients qui souffraient d'une leucémie sont potentiellement « guéris » dix ans après avoir reçu une greffe de cellules immunitaires qui avaient été génétiquement modifiées en laboratoire, ont annoncé cette semaine des chercheurs américains.
Les deux patients avaient une leucémie lymphoïde chronique, une forme relativement courante de la maladie qui représente environ le quart des nouveaux diagnostics de leucémie.
Les patients ont profité d'un traitement appelé thérapie par lymphocytes T à récepteur antigénique chimérique (CAR-T), ou plus simplement thérapie CAR-T. Cette forme d'immunothérapie consiste à utiliser un virus pour reprogrammer en laboratoire le code génétique de certaines cellules immunitaires du patient, pour les inciter à reconnaître, attaquer et détruire les cellules cancéreuses.
Après dix ans de rémission, l'un des auteurs de l'étude, le Dr Carl June de l'Université de la Pennsylvanie, n'hésite pas à affirmer que la thérapie CAR-T a le potentiel de guérir la leucémie.
Les cellules CAR-T demeurent détectables dans l'organisme des patients dix ans après la greffe, se réjouissent les chercheurs dans la revue Nature, et elles continuent à monter la garde.
Dix ans, c'est un chiffre magique, a commenté le Dr Simon Turcotte, un spécialiste du cancer au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). C'est un consensus d'experts pour plusieurs cancers. S'il n'y a pas eu de récidive dans les dix ans, on se permet de parler de guérison. Si on veut être plus "politically correct", on parle d'une réponse complète durable.
Mais le risque d'un retour du cancer est toujours présent, a-t-il souligné. Le patient avait à l'origine des milliards de cellules cancéreuses dans son organisme; si on en oublie une seule, si une seule n'est pas détruite par les traitements, la maladie peut revenir, a dit le Dr Turcotte.
On peut parler de guérison après 10 ans, a-t-il répété. Pour certains types de cancer, pour certains types d'immunothérapie, c'est correct. Mais si on veut être encore plus prudents, on pourrait parler d'une réponse complète prolongée avec un risque très faible de récidive.
Malgré son efficacité apparemment remarquable, la thérapie par lymphocytes T à récepteur antigénique chimérique n'est pas sans danger et peut s'accompagner d'effets secondaires potentiellement très graves, voire mortels.
Elle s'inscrit néanmoins dans le cadre de la deuxième vague d'immunothérapie qui déferle sur le monde médical et qui ouvre la porte à des thérapies auparavant inimaginables.
C'est arrivé en premier pour les tumeurs hématologiques, a fait remarquer le Dr Turcotte. Maintenant, ça se développe à pleine vitesse pour les tumeurs solides. Ça prolonge la vie. Quand la réponse est profonde, c'est associé à des réponses complètes durables. Il y a un potentiel de [guérison] qu'on voit rarement avec les chimiothérapies, la chirurgie ou la radiothérapie. C'est définitivement un grand pas dans le traitement du cancer. Vous n'avez pas fini d'en entendre parler.