Depuis 35 ans, Radio-Canada honore les scientifiques francophones canadiens
Il y a 35 ans, Radio-Canada remettait pour la première fois son prix du Scientifique de l'année. Voici quelques-uns des lauréats vus à travers des reportages de Radio-Canada.
La science expliquée à Radio-Canada
Le 27 janvier 2022, Radio-Canada a annoncé que le prix du Scientifique de l'année est décerné à l'archéologue et géochimiste Maxime Aubert pour sa contribution à la découverte et la datation de peintures rupestres de plus de 45 000 ans dans une grotte de l’île de Sulawesi, en Indonésie.
C'est depuis 1987 que Radio-Canada décerne ce prix.
Depuis leurs tout débuts, la radio et la télévision de Radio-Canada se sont donné pour mandat d'expliquer les nombreux développements de la science aux Canadiens.
On veut faire connaître les fondements de la science d'une manière à la fois ludique et didactique.
Les émissions scientifiques permettent de mieux comprendre le monde et de se prémunir contre la divulgation de fausses nouvelles tout en développant un esprit critique.
« C’est après une consultation auprès des membres du comité sur la science et la technologie de Radio-Canada que nous avons choisi, ici, à Aujourd’hui la science, le scientifique canadien francophone de l’année pour 1987. »
— Une citation de Yanick Villedieu
S'inscrivant dans cette philosophie, le 3 janvier 1988, l’émission radiophonique Aujourd’hui la science inaugure ce qui deviendra une tradition.
L’animateur Yanick Villedieu annonce que la Société Radio-Canada offrira désormais un prix à un ou une scientifique francophone du Canada.
Ce prix honore les scientifiques de chez nous et attire l'attention sur des travaux dont les résultats ont été publiés au cours de l'année.
Radio-Canada décerne ce prix au lauréat en reconnaissance de la valeur du travail dans sa discipline et de son impact sur le public.
Ce prix s'accompagne, pour les lauréats, d'une grande visibilité, favorisée notamment par une entrevue d'une heure à l'émission Les années lumière et un reportage à l'émission Découverte qu'animent respectivement Sophie-Andrée Blondin et Charles Tisseyre.
1987 : Jean Davignon, le premier lauréat
En 1987, ce prix du Scientifique de l'année est décerné au docteur Jean Davignon, qui est directeur du département de recherche sur les lipides et l’athérosclérose de l’Institut de recherches cliniques de Montréal.
Le prix veut souligner l’importance des recherches du docteur sur la génétique de l’hypercholestérolémie familiale chez les Canadiens français.
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Aujourd'hui la science, 3 janvier 1988 (extrait)
Aujourd'hui la science, 3 janvier 1988 (extrait)
PHOTO : UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
Dans cet extrait, Jean Davignon explique à Yanick Villedieu l’objet de ses recherches et ses implications sur la population.
L’hypercholestérolémie est une maladie héréditaire.
Les victimes de cette dernière présentent des taux anormalement élevés de ce qu’on appelle communément le mauvais cholestérol.
Une personne est atteinte d’hypercholestérolémie parce qu’elle possède peu ou pas de moyens de se débarrasser du mauvais cholestérol dans son corps.
Par conséquent, les personnes souffrant de cette maladie risquent de faire des crises cardiaques et de décéder de façon prématurée.
Or, on savait déjà que l’hypercholestérolémie est provoquée par une ou des mutations au niveau des gènes.
La nouveauté est que le docteur Davignon a révélé que chez les familles canadiennes-françaises, une mutation génétique spécifique est disproportionnellement responsable de l’existence et de la prévalence de cette maladie.
En vérifiant les origines des personnes souffrant de cette maladie, il a fait une autre découverte.
Les parents des malades examinés venaient principalement du Bas-Saint-Laurent ou du Kamouraska-Témiscouata.
L’ancêtre qui aurait subi la mutation génétique proviendrait de cette région.
Les migrations de porteurs de la mutation dans d’autres régions du Canada français y expliqueraient aussi la prévalence de l’hypercholestérolémie familiale.
Les recherches du docteur Davignon ont des résultats très concrets.
Désormais, on possède un outil de dépistage pour identifier l’existence de la maladie chez les nouveau-nés.
Ce dépistage précoce permet par ailleurs de proposer un régime alimentaire adéquat et des médicaments qui aideront à éviter aux malades une catastrophe cardiovasculaire.
1999 : Christiane Ayotte
Le prix du Scientifique de l’année 1999 est décerné à la chimiste Christiane Ayotte.
Directrice du Laboratoire de contrôle du dopage sportif à l'INRS-Institut Armand-Frappier, Christiane Ayotte est à l’avant-garde du contrôle antidopage dans le sport amateur.
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Maisonneuve à l'écoute, 28 janvier 2000 (extrait)
Maisonneuve à l'écoute, 28 janvier 2000 (extrait)
Le 28 janvier 2000, Christiane Ayotte accorde à l’animateur de l’émission Maisonneuve à l’écoute, Pierre Maisonneuve, une entrevue dont voici un extrait.
Elle y rappelle qu’en 1998 et en 1999, lors des Jeux panaméricains de Winnipeg, certains problèmes liés au contrôle du dopage des athlètes amateurs ont été révélés.
On constate tout d’abord qu'on éprouve de la difficulté à gérer les cas positifs de dopage.
Pire, il existe une espèce d’impunité associée à la performance des athlètes.
Ceux qui sont au premier rang sont souvent exemptés de contrôle antidopage.
Les champions sont fréquemment blanchis si on les reconnaît coupables de s’être dopés ou leurs cas prennent des années à être examinés.
Ces passe-droits ne sont pas accordés à des athlètes moins performants ou moins connus.
Puis Christiane Ayotte rappelle à quel point la question du contrôle du dopage sportif peut être politisée.
En 1999, lors des Jeux panaméricains de Winnipeg, la légende du saut en hauteur cubain Javier Sotomayor est épinglée par un contrôle antidopage.
Christiane Ayotte subit alors les foudres des autorités cubaines et de Fidel Castro. Cuba l’accuse même d’être une agente de la CIA!
Équité dans les compétitions sportives et performances fondées uniquement sur les capacités humaines, voilà pourtant les priorités de Christiane Ayotte.
Christiane Ayotte est toujours directrice du laboratoire de contrôle du dopage au Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie.
2006 : Lyne Mongeau
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Découverte, 4 février 2007
Découverte, 4 février 2007
Le 4 février 2007, l’émission Découverte propose un reportage, du journaliste Daniel Carrière et de la réalisatrice Chantal Théoret, sur la lauréate du prix du Scientifique de l'année 2006, la diététiste-nutritionniste Lyne Mongeau.
Charles Tisseyre anime l’émission Découverte.
Lyne Mongeau combat ce qui est devenu un fléau inquiétant et désespérant dans notre société : l’obésité.
Elle a développé une stratégie novatrice qui redonne espoir aux gens qui veulent trouver une solution durable au problème.
Le reportage débute par des images saisissantes.
Lyne Mongeau prépare un repas avec sa famille. On ne compte pas les calories.
Selon Lyne Mongeau, les pèse-personnes et les régimes amaigrissants sont inutiles. On peut manger de tout, mais de façon modérée.
Depuis 1981, elle travaille avec l'Institut national de santé publique du Québec pour élaborer des pistes de solution au problème de l’obésité.
Elle observe la souffrance que provoquent les échecs de ceux et celles qui font diètes et régimes pour perdre du poids.
C’est à partir de ce constat que Lyne Mongeau conçoit un programme d’intervention axé sur l’estime de soi : Choisir de maigrir? Le but n’est pas de maigrir à tout prix, mais d’atteindre la santé.
Après un an, 35 % des femmes qui suivent le programme ne récupèrent pas le poids perdu.
Le programme a tellement de succès qu’il est le seul à être recommandé par le ministère de la Santé au début des années 2000.
Le reportage met aussi l’accent sur une autre facette du combat de Lyne Mongeau.
Il faut changer l’environnement de nos sociétés modernes qui favorise l’épidémie de l’obésité.
Lyne Mongeau est tellement convaincante qu’à l’automne 2006, le gouvernement du Québec adopte un plan d’action de 400 millions de dollars pour lutter contre l’obésité.
Grâce à elle, le problème est devenu un enjeu de santé publique au Québec.
2017 : Yoshua Bengio
C’est à Yoshua Bengio que le prix du Scientifique de Radio-Canada a été décerné pour l’année 2017.
On récompense celui qui est professeur au Département d’informatique de l’Université de Montréal et directeur de l’Institut des algorithmes d’apprentissage de Montréal.
Ses recherches ont révolutionné notre connaissance de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage profond.
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Découverte, 28 janvier 2018
Découverte, 28 janvier 2018
Le 28 janvier 2018, le journaliste André Bernard et la réalisatrice Hélène Morin brossent un portrait de Yoshua Bengio à l'émission Découverte qu'anime Charles Tisseyre.
C’est une discipline d’avant-garde et extrêmement complexe que développe le scientifique.
C’est aussi un univers en évolution fulgurante et dont les applications peuvent soulever des questions éthiques fondamentales.
Le portrait montre à quel point Yoshua Bengio a contribué à faire de Montréal un pôle de recherche de classe mondiale dans le domaine du développement de l’intelligence artificielle.
Des étudiants du monde entier viennent à l’Université de Montréal pour travailler avec lui.
Ce qui ressort, par ailleurs, c’est l’approche humaniste du chercheur dans ses recherches et ses initiatives de développement.
En 35 ans d'existence, le prix du Scientifique de l'année de Radio-Canada a permis au public de découvrir l'amplitude, la diversité et l'excellence des scientifiques canadiens et canadiennes d'expression française.