Essais de phase 3 en vue pour le vaccin de la québécoise Medicago
La société biopharmaceutique Medicago, de Québec, poursuit le travail sur son candidat-vaccin contre la COVID-19 et espère lancer dès février les essais cliniques de phase 3, une dernière étape cruciale menant au dépôt d’une demande d’autorisation auprès de Santé Canada en juin 2021.
L’entreprise s’affaire actuellement à terminer les essais de phase 2, pour lesquels elle pourrait avoir les premiers résultats dès le mois prochain, a dit en entrevue téléphonique mercredi la vice-présidente exécutive aux affaires scientifiques et médicales, Nathalie Landry. Cette étape porte sur un peu plus de 900 personnes, mais la phase 3, qui prendrait son envol par la suite, viserait pas moins de 30 000 personnes dans 11 pays différents.
Medicago, dont l’actionnaire majoritaire est la firme japonaise Mitsubishi Tanabe Pharma, est l’une des sociétés qui se sont engagées dès le début de la pandémie dans la course au vaccin. Dès le milieu du mois de mars, elle a annoncé avoir produit des particules pseudo-virales du virus en 20 jours. Au cours des dernières semaines, les candidats-vaccins de Pfizer et de Moderna ont commencé à recevoir le feu vert de certains pays, dont le Canada et les États-Unis. Mercredi, les autorités britanniques ont approuvé celui qu’AstraZeneca a développé avec l’Université Oxford.
Devant ces autorisations, l’entreprise de Québec garde le cap, a dit Mme Landry. « On a besoin de plusieurs solutions vaccinales. Il y a deux vaccins autorisés et on est loin d’avoir vacciné tout le monde. Même si on voulait se rendre à 50 % de la population, je suis certaine que les deux compagnies font le maximum pour produire le vaccin, mais la demande est grande. »
De plus, on ne sait toujours pas quel vaccin sera le plus efficace à moyen et à long terme. « Les résultats d’efficacité qui ont permis l’autorisation des vaccins de Pfizer et de Moderna sont très bons, mais ce sont des résultats d’efficacité à court terme », a expliqué Nathalie Landry. « Ils ont obtenu ces résultats rapidement. Ce sera la même chose pour nous, cela dit. Mais l’idée, c’est de voir quelle sera la durée de la protection, s’il faudra donner des “boosts” à la population. […] Ça prend plusieurs types de vaccin qui atteignent la licence commerciale pour s’assurer qu’on a le plus d’options possible. »
À base de plantes
Contrairement aux autres vaccins, le candidat-vaccin de Medicago est produit à base de plantes et repose sur une technologie dite « recombinante », à particules pseudo-virales. Sa température d’entreposage se situe entre 2 et 8 degrés Celsius. « On est en phase 2, chez les adultes, les personnes âgées, les gens qui ont des conditions de santé sous-jacentes. On aura les premiers résultats de cette phase 2 à partir du mois de janvier, et tout de suite on va commencer l’étude de phase 3. » Celle-ci, contrairement aux phases 1 et 2, « vise à démontrer l’efficacité » du vaccin. « On espère commencer à enrôler les sujets en février. »
Il est difficile de prédire le temps qu’il faudra pour la phase 3, a dit Mme Landry, car « dans ce genre d’étude, il faut accumuler un certain nombre de cas et démontrer l’efficacité du vaccin ». Compte tenu de la propagation du virus, « je vous dirais que, si c’était ces jours-ci, ça serait probablement très rapide ». Pour la suite des choses, Santé Canada fonctionne plus vite dans un contexte de pandémie qu’en temps normal.
Medicago, qui a reçu un appui financier du gouvernement fédéral, vise la production de 80 millions de doses en 2021, un volume que l’entreprise voudrait doubler en 2022. Elle est d’ailleurs en train de construire une nouvelle usine, ce qui permettrait, après la fin des travaux prévue en 2023, de produire un milliard de doses par année.
Le gouvernement canadien a signé plusieurs ententes pour avoir accès à des candidats-vaccins au cours des derniers mois. Il s’est entendu avec Medicago sur un approvisionnement pouvant atteindre 76 millions de doses.
EN DONNÉES
Le nombre de cas quotidiens de COVID-19 continue d’atteindre de nouveaux sommets au Québec. Les autorités sanitaires de la province ont signalé mercredi un record de 2511 nouvelles infections. Le nombre total d’hospitalisations a bondi de 80 par rapport à la veille, pour un total de 1211. De ce nombre, 152 patients se trouvent présentement aux soins intensifs, une hausse de 4. On déplore aussi 41 autres décès, dont 10 qui sont survenus dans les dernières heures, 28 entre le 23 et le 28 décembre et 3 à une date inconnue. Le bilan de la province s’élève désormais à 199 822 cas depuis le début de la pandémie.
La Presse canadienne