L’investissement dans l’innovation et la science au cœur de la relance économique
MONTRÉAL — Le gouvernement fédéral compte relancer l’économie en investissant massivement dans la science et les nouvelles technologies.
C’est ce qui est ressorti de l’allocution, mercredi, du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).
Son but est de mettre en place des «actions stratégiques immédiates» s’inscrivant dans une vision à long terme.
«On veut bâtir le succès de demain», a-t-il lancé à ceux qui assistaient à la causerie virtuelle.
M. Champagne a fait savoir que c’est cette ligne de pensée qui devrait guider les choix des investissements pour les années à venir.
Il y aurait «deux menaces existentielles» à la relance, selon lui, soit la pandémie avec ses impacts économiques et sanitaires, ainsi que les changements climatiques.
Le ministre est d’avis que la solution à ces deux problèmes se trouve dans l’innovation et la science, raison pour laquelle le gouvernement compte y investir d’importantes sommes.
Investir dans la biofrabrication
En ce qui concerne les sciences de la vie, il faut notamment relancer la biofabrication et la recherche clinique, affirme-t-il.
M. Champagne reconnaît que ce ne sera pas une mince tâche puisqu’il s’agit de renverser un déclin qui a cours depuis les quatre dernières décennies, a-t-il expliqué.
Investir dans la biofabrication fait toutefois partie des priorités, estime le ministre, pour créer un moteur de relance économique.
Il a cité à titre d’exemple les 173 millions $ investis dans l’usine québécoise Medicago située à Sainte-Foy.
L’entreprise pharmaceutique a récemment obtenu l’approbation des autorités canadiennes et américaines pour commencer le recrutement de candidats afin d’entamer la phase 3 des tests cliniques pour son vaccin contre la COVID-19, soit l’étape finale des essais cliniques.
Ce qui en ferait le premier médicament canadien pour combattre le coronavirus.
«Donc à moyen terme, on aura, je l’espère, un vaccin qui pourrait être fabriqué chez nous», a dit le ministre.
Un exemple qui illustre selon lui que cette stratégie d’investissement commence déjà à porter ses fruits. «Et ce n’est que le début», prévient-il.
Investir dans les emplois d’avenir
Le ministre Champagne s’est réjoui de dire que le Canada a «récupéré une bonne partie des emplois qui ont été perdus à cause de la COVID, et ce 40 % plus rapidement que chez nos voisins américains».
Il croit qu’en misant sur les «emplois de l’avenir» le pays parviendra à «rebâtir une économie, plus verte, plus inclusive et plus forte».
Par emploi d’avenir, il entend ceux en lien avec l’intelligence artificielle, l’informatique quantique et l’électrification des transports, mentionnant du même souffle les 50 millions $ octroyés par Ottawa à Lion électrique.
Le 15 mars, Québec et Ottawa se sont unis pour financer plus de la moitié de la construction d’une usine d’assemblage de bloc-batteries du constructeur d’autobus et de camions électriques.
Les deux paliers de gouvernement ont chacun consenti à la compagnie de Saint-Jérôme, un prêt pardonnable de 50 millions $ pour s’assurer que le complexe voie le jour dans les Laurentides au début de 2023 et crée 135 emplois. L’effectif pourrait atteindre 285 personnes à terme.
Ce projet qui s’élève à 185 millions $ aurait pu voir le jour au sud de la frontière sans cet appui financier, selon l’entreprise.
Lion, qui a entre autres vendu des camions au géant Amazon et au Canadien National, compte actuellement 465 employés à Saint-Jérôme, où elle construit des autobus électriques et des camions urbains.
L’entreprise, qui doit bientôt faire son entrée à la Bourse de New York, ajoutera également un site de production en territoire américain.
Questionné sur l’industrie aéronautique, M. Champagne a réitéré l’importance d’investir selon une vision à long terme.
«Qu’est-ce qu’on peut faire pour assurer l’avenir de l’industrie pour les 30 prochaines années? Lion transforme l’industrie (du transport électrique), maintenant c’est quoi l’avion du futur?»
En parlant à différents acteurs du milieu il en est venu à la conclusion que l’un des facteurs les plus susceptibles de transformer l’industrie de l’aviation est la propulsion hybride – qui utilise une combinaison de carburant électrique et pétrolière.
Il est d’avis qu’être à l’avant-garde reste le meilleur moyen de s’assurer une vitalité économique pérenne.
Le ministre de l’Innovation fait également remarquer que si autrefois on parlait surtout de pénurie d’emploi, aujourd’hui on parle plutôt d’une pénurie de main-d’œuvre.
Un enjeu auquel il faudra s’attarder, car celui-ci peut devenir un frein à la croissance, d’autant plus que le talent attire les investisseurs.
D’où l’importance «d’attirer la main d’œuvre et de la garder chez nous», conclut-il.
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