COVID-19: une protéine produite au CNETE qui différencie la population vaccinée de celle infectée


Le Centre National en Électrochimie et Technologies Environnementales (CNETE) du Cégep de Shawinigan a élaboré et produit une protéine permettant de dresser un portrait de l’immunité de la population contre la COVID-19 à travers des tests réalisés par Héma-Québec.

La protéine en question est la N, pour nucléocapside, qui se retrouve dans le virus de la COVID-19. C’est à la suite d’un besoin local pour les chercheurs et de la difficulté d’approvisionnement que l’équipe du chercheur Jean-François Lemay a amorcé les démarches.

«On s’est rendu compte que ces protéines-là étaient dures à trouver, les délais de livraison étaient incroyablement longs. […] Par exemple, on avait une collaboratrice de l’Université de Montréal (UDEM) qui avait commandé des protéines venant de Chine et elles étaient restées deux semaines dans un hangar à température pièce. Il faut que ce soit sous glace sèche à - 20 degrés Celsius», a expliqué le chercheur Lemay.

Après ces réflexions, Jean-François Lemay ainsi que d’autres chercheurs, notamment la professeure Joëlle Pelletier de l’UdeM avec qui il a travaillé conjointement, ont décidé d’instaurer un site local de production de protéines en lien avec la COVID-19, soit le CNETE, d’où ils ont fait la protéine N.

«Certains universitaires et compagnies ont fait des trousses de détection, pas pour voir si la personne était malade ou pas, mais plutôt pour voir si elle avait été infectée et maintenant produit des anticorps contre la COVID. Ça a été une première phase avec certaines compagnies de Montréal, l’UdeM avec la professeure Joëlle Pelletier et d’autres de l’Université Laval», a rapporté M. Lemay.

«Ce qui a été fait au CNETE, c’est de développer une façon de produire cette protéine-là puis de la purifier à un niveau assez important pour qu’elle puisse être utilisée dans ces détecteurs-là», a fait valoir la directrice générale du CNETE, Nancy Déziel.

Le chercheur Lemay continue en expliquant qu’Héma-Québec, depuis le début de la pandémie, effectue des études de séroprévalence, soit une évaluation du nombre de personnes de la population qui a été exposée à un virus, ici au SRAS-CoV-2, et qui produit des anticorps en réponse à celui-ci.

Héma-Québec en serait maintenant à sa troisième étude, et avait besoin d’une nouvelle protéine qui puisse différencier les gens infectés de ceux vaccinés, qui produisent pratiquement les mêmes anticorps. C’est depuis environ le début de juillet que l’organisation a validé l’utilisation de la protéine N pour ses tests.

«Eux, pour suivre l’immunité et les gens infectés dans leurs deux premières études, ils suivaient les anticorps contre la protéine S. La protéine S, c’est quoi? C’est la protéine utilisée par exemple, dans les vaccins, qu’on se fait donc injecter à notre dose. On va donc produire des anticorps contre la protéine S par la suite. Pour leur troisième étude, étant donné que la population commençait à se faire pas mal vacciner, ils ne pouvaient plus différencier les gens vaccinés versus les gens qui avaient été infectés», a vulgarisé le chercheur au CNETE.

Héma-Québec a donc demandé la production de la protéine N au CNETE pour continuer leurs études de séroprévalence, dressant ainsi un portrait complet de la population quant au virus mondial. «En même temps, il y a des gens qui ont été asymptomatiques et qui ne savaient pas qu’ils avaient été infectés. Ça peut donc jouer sur le plan des pourcentages de la population immunisée ou pas contre la COVID-19. Ça rétablit les faits et ça permet de voir l’évolution de l’immunité au Québec», a émis Jean-François Lemay.

Le début d’une série

Cet engouement pour les protéines de la COVID-19 pourrait d’ailleurs être le début de plusieurs autres projets pour le CNETE. «Avec les chercheurs et la publicité qu’on a, ça a comme fait un effet boule de neige. Il y a de plus en plus de monde qui nous demande des protéines, mais pas juste en lien avec la COVID. Avec des maladies humaines, dans l’alimentation, le pharmaceutique, soutient le chercheur. On essaye d’embarquer dans cette popularité-là pour créer un site local de protéines à long terme au CNETE.»

L’équipe du Centre à Shawinigan n’est donc pas près de se reposer dans les prochains mois, alors que des projets sur la maladie de Crohn, les maladies oculaires, les crises cardiaques et l’alimentation sont en branle.

Par Rosie St-André