COVID-19: le contexte a favorisé le suivi à distance de patients souffrant d'arythmie cardiaque
Les visites de routine pour les défibrillateurs pourraient être remplacées de façon sécuritaire par un suivi virtuel
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On dit que la nécessité est mère de l'invention. La pandémie de COVID-19 nous a aussi montré que la nécessité était mère de l'adaptation, en particulier dans la façon d'offrir des services de santé. Une équipe de la Faculté de médecine et du Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec en apporte une nouvelle preuve dans un article publié dans la revue Pace. Cette équipe vient de démontrer que le suivi de routine des défibrillateurs automatiques implantables portés par certains patients pourrait être fait à distance sans poser de risque pour la santé de ces personnes.
Un défibrillateur est un petit appareil qui peut servir de pacemaker chez les personnes dont le rythme cardiaque est trop lent, mais il sert surtout à reconnaître les situations où un arrêt cardiaque pourrait provoquer une perte de conscience ou la mort subite. «Lorsque ça se produit, l'appareil envoie une décharge électrique qui rétablit les contractions cardiaques», explique la responsable de l'étude, la cardiologue Isabelle Nault.
Le défibrillateur enregistre en continu des données permettant un suivi des fonctions électriques du cœur. Ces données sont transmises chaque nuit à un appareil installé près du lit des patients. Tous les six mois, les patients se rendent à une clinique de défibrillateurs pour une inspection de l'appareil. Les données accumulées sont alors téléchargées et examinées pour détecter des problèmes cardiaques de nature électrique survenus depuis la dernière visite. «En théorie, on pourrait faire ce suivi à distance, mais on ne savait pas si c'était sécuritaire. Le contexte créé par la pandémie nous a permis de voir ce qui se produit lorsque la visite annuelle de routine est remplacée par un suivi virtuel», souligne Isabelle Nault.
Les 329 sujets qui ont participé à l'étude provenaient de deux groupes. Le premier rassemblait des patients pour qui une visite en personne était prévue entre le 20 mars et le 24 avril. En raison de la COVID-19, ce rendez-vous a été remplacé par un suivi à distance. Le second groupe était formé de patients qui avaient un rendez-vous à distance pour le monitorage de leur défibrillateur pendant la même période. Ces patients avaient été vus en personne six mois plus tôt.
Les comparaisons entre les deux groupes n'ont révélé aucune différence significative au chapitre de l'incidence des événements cliniques observés, qu'il s'agisse de problèmes électriques relatifs au cœur ou à l'appareil, ni de l'incidence des problèmes nécessitant un suivi médical à distance (huit cas dans chaque groupe) ou une visite en personne chez le médecin (deux cas dans le premier groupe et quatre cas dans le second).
« Le monitorage à distance des défibrillateurs a permis un suivi adéquat et sécuritaire des patients. De plus, il a considérablement réduit leur risque d'exposition au virus de la COVID-19. »
— Isabelle Nault
«Le monitorage à distance des défibrillateurs a permis un suivi adéquat et sécuritaire des patients. De plus, il a considérablement réduit leur risque d'exposition au virus de la COVID-19. C'est particulièrement important dans leur cas parce que les personnes qui ont une maladie cardiaque sont plus à risque d'avoir des complications si elles contractent le virus.»
Isabelle Nault précise toutefois qu'il y a des limites au suivi qu'il est possible de faire à distance grâce aux données enregistrées par le défibrillateur. «L'appareil ne peut dépister les problèmes d'essoufflement, les douleurs à la poitrine, la tension artérielle, le taux de cholestérol et les autres indicateurs de santé. La visite annuelle chez le médecin demeure essentielle pour ces patients.»
Les auteurs de l'étude parue dans Pace sont Hugo De Larochellière, Jean Champagne, Jean-François Sarrazin, Christian Steinberg, François Philippon, Karine Roy, Franck Molin, Gilles O'Hara, Benoit Plourde, Louis Blier et Isabelle Nault.